Traitement de la fibromyalgie : quelle efficacité pour les antidépresseurs Cymbalta et Ixel (Savella) ?

Une étude, publiée dans la revue Cochrane Library, a analysé les études existantes afin d’évaluer les bénéfices et les risques de deux antidépresseurs couramment prescrits pour le traitement des symptômes de la fibromyalgie comparativement à un placebo (substance inactive).

Des médicaments pour traiter la fibromyalgie sont aussi susceptibles de nuire que d’aider“, titre le communiqué rapportant l’étude.

Il n’existe à l’heure actuelle aucun médicament qui guérit la maladie, de sorte que les traitements visent à soulager les symptômes et à améliorer la qualité de vie.

L’étude, menée par Winfried Häuser du Technische Universität München (Allemagne) et ses collègues, visait à déterminer l’efficacité des deux antidépresseurs autorisés aux États-Unis pour le traitement des symptômes de la maladie, soit la duloxétine (Cymbalta) et le milnacipran (Ixel, Savella). Ce sont des antidépresseurs de la classe des inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline (IRSN). La sérotonine et la norépinéphrine sont des neurotransmetteurs du cerveau impliqués dans la régulation de la douleur, du sommeil et de l’humeur.

Ces médicaments ont été approuvés pour la prise en charge de la fibromyalgie par la FDA américaine mais ont été refusés par l’Agence européenne des médicaments(EMA). (Un autre médicament autorisé aux États-Unis et au Canada mais également refusé en Europe est l’antiépileptique prégabaline (Lyrica).)

Après avoir recherché toutes les études pertinentes, les chercheurs ont trouvé 10 études impliquant 6 038 participants.

Chez les personnes atteintes de fibromyalgie prenant l’un de ces médicaments, 22 % rapportaient une réduction substantielle de la douleur tandis que 21 % ont dû cesser de le prendre en raison des effets secondaires.

Plus spécifiquement :

  • 192 participants sur 1 000 sous placebo ont signalé une réduction de la douleur d’au moins 50 % comparativement à 280 sur 1 000 prenant un IRSN.
  • La duloxétine et le milnacipran n’ont pas réduit la fatigue de façon significative et n’ont pas amélioré la qualité de vie comparativement au placebo.
  • Ces médicaments n’ont pas amélioré les troubles du sommeil comparativement au placebo.
  • 107 participants sur 1 000 sous placebo ont abandonné l’étude en raison d’effets secondaires indésirables comparativement à 196 sur 1 000 sous IRSN. Il n’y avait pas de différence dans les effets secondaires graves entre les deux médicaments.

Les effets secondaires ayant entraîné l’arrêt du traitement les plus fréquemment signalés étaient les nausées, la bouche sèche, la constipation, les maux de tête, la somnolence/les étourdissements et l’insomnie. Les complications rares des deux médicaments peuvent inclure des idées suicidaires, des lésions hépatiques, des saignements anormaux, une élévation de la pression artérielle et une hésitation urinaire.

Il doit y avoir une discussion franche entre le médecin et le patient sur les avantages et les inconvénients de ces deux médicaments“, disent les auteurs. Le traitement avec les médicaments seuls “devrait être évité“, estiment-ils, recommandant une approche multifacettes, incluant les médicaments pour ceux qui les trouvent utiles, des exercices pour améliorer la mobilité et un soutien psychologique afin d’améliorer les capacités d’adaptation.

Pour Brian Walitt, coauteur de l’étude et expert des syndromes de douleur au Washington Hospital Center, les personnes qui semblent le mieux s’en sortir sont celles qui trouvent des moyens par elles-mêmes en venant à mieux se connaître et en faisant des changements dans leur vie pour s’adapter à ce qu’elles sont devenues.

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